Pouvant être pratiquée il y a peu de temps par n’importe quel médecin, la chirurgie esthétique est actuellement bien « cadrée » et il faut être chirurgien plasticien diplômé et agréé par l’ordre des médecins après avoir été validé par les sociétés officielles (Société Française de Chirurgie Plastique réparatrice et Esthétique: SOFCPRE, Société Française de Chirurgie Plastique et Esthétique:SOFCEP).
La chirurgie esthétique n’en reste pas moins une chirurgie à part entière avec ses contraintes et complications possible nécessitant de prendre les mêmes précautions (voire même plus) que les autres chirurgies.
LA DECISION OPERATOIRE
Elle va passer par plusieurs étapes :
LA 1° CONSULTATION
- Réalisée au cabinet du chirurgien, elle est incontournable (et médicolégale); il n’est pas envisageable de se faire opérer par quelqu’un que l’on a pas vu avant l’opération. Il existe même un délai obligatoire de réflexion de 15 jours entre la 1° consultation et l’opération.
- Pendant cette consultation vous allez expliquer au chirurgien ce qui ne vous plait pas et que vous voudriez modifier sur votre corps.
- Il est donc important, avant cette consultation, d’analyser ce qui vous gène, plutôt que d’arriver, comme le font certaines personnes, en disant: « a votre avis pour quoi je viens vous voir ? ». Cette attitude est très dangereuse car le regard perfectionniste du chirurgien peut trouver des tas d’imperfections à corriger alors que celles ci ne vous gênaient pas et du coup risquent de devenir un nouveau complexe et vous déstabiliser .
- En effet le but de la chirurgie esthétique n’est pas obligatoirement de rendre des gens parfaits (en supposant que la perfection existe) mais des gens bien dans leur peau. Il faudra donc essayer de corriger ce qui vous gène et non pas ce qui gène le chirurgien.
- Lors de cette consultation, en fonction de votre gène, le chirurgien va vous indiquer si sa correction est « raisonnable » dans votre cas (ce qui n’est pas toujours le cas) et si oui, quelles sont les différentes possibilités (médicales ou chirurgicales) qui s’offrent à vous.
- Il y aura donc éventuellement un choix à faire entre plusieurs types de cicatrices ou techniques en fonction du résultat désiré et de contraintes ou complications à envisager.
- A la fin de cette consultation vous repartirez avec des documents expliquant à nouveau les différentes interventions adaptées a votre cas, documents à relire à tête reposée chez vous pour « faire le point » sur ce qui vous à été proposé et en discuter éventuellement avec votre entourage. En effet s’il est important d’avoir l’aval de votre entourage direct (mari, femme), il faut faire attention aux avis négatifs de certaine personnes qui sont, par nature, « contre la chirurgie esthétique » et qui vont essayer de vous dissuader de faire une intervention qu’elles aimeraient parfois inconsciemment faire (mais qu’elles n’osent pas faire).
- La décision opératoire doit donc être prise après réflexion et vous pouvez éventuellement prendre l’avis d’un autre chirurgien si vous ne vous sentez pas en confiance.
- Une fois décidée, vous allez rappeler le cabinet pour prendre un 2° rendez vous de consultation et éventuellement un rendez vous opératoire.
- Lors de cette 2° consultation, vous pourrez rediscuter avec du recul des différentes possibilités opératoires avant de prendre votre décision définitive.
- Il vous sera remis différents documents concernant l’intervention, le bilan préopératoire,la consultation d’anesthésie ainsi qu’un devis et un consentement éclairé à signer avant l’intervention.
LE BILAN PRE OPERATOIRE
- Comme pour toute intervention chirurgicale, une intervention de chirurgie esthétique nécessite des précautions et un bilan pré opératoire. Son but est de s’assurer que cette intervention peut être, chez vous, réalisée sans risque particulier. En effet s’il est impossible d’assurer l’absence de complication, contrairement à une chirurgie vitale, on évitera d’opérer un patient porteur de facteurs de risque (age, tabac, problème cardiaque grave, ..) qui augmentent de façon importante le risque opératoire.
- Le bilan préopératoire comprend une consultation d’anesthésie (si possible avec celui qui va vous endormir) dont le but est de dépister une éventuelle contre indication opératoire par son examen clinique et des éventuels examens complémentaires (bilan sanguin, consultation cardiologique…) .Lors de cette consultation, il va vous expliquer le déroulement de l’anesthésie et parfois vous demandera de choisir entre différentes techniques (anesthésie locale, locale améliorée par une neuroleptanalgésie qui permet de vous « déconnecter » ou générale).
- Il va vous remettre un dossier d’anesthésie qu’il faudra rapporter avec les résultats des examens prescrits le jour de l’opération. La consultation doit avoir lieu suffisamment longtemps avant l’opération pour permettre d’éventuellement compléter ces examens en fonction de leur résultat et éventuellement repousser voire annuler l’opération.
- Certains autres examens préopératoires, comme une mammographie ou une consultation ophtalmologique, peuvent également être nécessaire.
Un dossier de préadmission devra être fait auprès de la clinique en vous rendant sur place (par téléphone si vous habitez loin) pour réserver votre chambre.
L’ OPERATION
L’entrée à la clinique se fera le plus souvent le matin de l’intervention.
- En fonction du type d’anesthésie, de la durée de l’intervention et du type d’opération, l’hospitalisation peut durer de quelques heures (chirurgie ambulatoire) à quelques jours.
- Si des drains sont nécessaires, ils seront enlevés en général à la clinique avant votre sortie, mais dans certains cas vous pourrez sortir et vous les faire retirer ensuite au cabinet
- Avant votre sortie de la clinique, des consignes vous seront remises pour la conduite à tenir ultérieure.
APRES L’OPERATION
LES SUITES OPERATOIRES
- Les pansements de la plaie opératoire se feront au cabinet 1 à 2 fois par semaine jusqu’à cicatrisation (1 à 2 semaines en général); si vous habitez loin il est possible de faire appel à une infirmière à proximité de votre domicile mais il faudra vous assurer qu’elle est habituée à ce type de chirurgie.
- Des écchimoses (bleus) et un oedeme sont habituels après toute intervention et vont disparaître en 1 à 3 semaines en général.
- L’activité sportive est à éviter jusqu’à cicatrisation complète et en général le 1° mois.
- Le soleil est à éviter sur la cicatrice tant qu’elle reste rouge et d’une manière générale, il faut éviter de rester à des températures élevées (et éviter de trop transpirer) jusqu’à cicatrisation complète et disparition des hématomes.
- Après cicatrisation, plusieurs visites de contrôle seront à faire au cabinet; si vous habitez très loin il est possible d’envoyer des photos par internet.
LES COMPLICATIONS
- Leur prévention passe par une bonne sélection des indications opératoires et il faudra parfois accepter l’avis du chirurgien qui va vous déconseiller, dans votre cas particulier, une intervention car le rapport »bénéfice /risque » n’ est pas raisonnable (il vaut mieux être déçue de ne pas pouvoir être opérée que déçue d’avoir été opérée).
- Il est également important de réduire leur fréquence en respectant les consignes pré et post opératoires qui vous ont été remises (arrêt du tabac, repos…) car trop de personnes ont tendance à considérer un acte de chirurgie esthétique comme une simple visite chez une esthéticienne.
- Malgré tout cela, comme pour tout acte chirurgical,certaines complications ne peuvent pas être totalement évitées; il est fondamental de les dépister et de vous rapprocher, au moindre doute, de l’équipe chirurgicale qui va vous prendre en charge jusqu’à résolution de celle ci (on ne vous reprochera jamais d’appeler si vous êtes inquiète)
COMPLICATIONS GENERALES
- Communes à tout acte chirurgical mais plutôt plus rares en chirurgie esthétique du fait de la contre indication des patients avec une pathologie à risque: complications de l’anesthésie, évoquées avec l’anesthésiste lors de la consultation préopératoire.
- PHLEBITES à redouter lorsque l’on ressent une douleur dans le mollet.
- Au moindre doute un doppler veineux permettra de confirmer le diagnostic et mettre en route un traitement anticoagulant pour éviter la migration du caillot avec EMBOLIE PULMONAIRE, plus grave. Rare en chirurgie esthétique, cette complication est à redouter dans les plasties abdominales ou si la durée opératoire est très importante notamment si plusieurs opérations sont associées. Sa prévention passe par le port de chaussettes de contention pendant l’opération pour éviter la stase veineuse, un traitement anticoagulant préventif, une préssothérapie peropératoire et un doppler de contrôle avant le premier lever post opératoire.
COMPLICATIONS LOCALES
Comme toute opérations certaines complications peuvent survenir :
COMPLICATIONS POST OPERATOIRES PRECOCES
- SAIGNEMENT de la zone opératoire se manifestant lorsque les drains coulent anormalement dans les premières heures après l’opération et pouvant nécessiter un retour au bloc opératoire pour faire l’hémostase.
- HEMATOME: contrairement aux simples écchimoses (bleus), il se manifeste par un gonflement et une tension en général douloureuse de la zone opératoire (les drains peuvent être bouchés) et peut nécessiter une reprise chirurgicale.
- SEROME: c’est une collection de lymphe sous la peau qui nécessite en général plusieurs ponctions au cabinet pour éviter qu’elle ne s’enkyste.
- INFECTION: il faut différencier le simple rejet de point résorbable, se manifestant par un petit écoulement de sérosités sur le pansement (qui va cicatriser en quelques jours) et l’infection vraie de la plaie opératoire, qui s’accompagne en général de fièvre et qui peut nécessiter, en cas de collection profonde ne se vidant pas d’elle-même, une évacuation chirurgicale et un drainage.
- NECROSE de la peau et DESUNION de la plaie opératoire, généralement chez les fumeuses, d’où l’importance de l’arrêt du tabac au moins 1 mois avant et après toute opération avec décollement de la peau important; elle va entrainer un retard de cicatrisation et des pansements au début quotidiens pendant plusieurs mois. La cicatrice finale, même si elle se rétracte souvent beaucoup, sera bien entendu de moins bonne qualité.
COMPLICATIONS TARDIVES (plusieurs mois après l’opération)
CICATRICES HYPERTROPHIQUES OU CHELOIDES
Normalement, une cicatrice va rester rouge pendant plusieurs mois (parfois 1 ou 2 ans) avant de blanchir, mais si elle prend du relief on parlera de cicatrices hypertrophiques si elles finissent par se décolorer après 6 à 8 mois ou chéloïdes si cela persiste. Le meilleur traitement des cicatrices hypertrophiques est la prévention en les comprimant avec des plaques de gel de silicone et un vêtement compressif (gaine, soutien gorge…) pendant plusieurs mois. Une fois que la cicatrice est apparue il faudra essayer des infiltrations intracicatricielles avec de la cortisone et continuer la compression tant qu’elles ne diminuent pas. En cas de cicatrices chéloïdes vraies, qui correspondent généralement à un état pathologique de la peau, on pourra parfois tenter un reprise chirurgicale mais les résultats sont généralement décevants et la récidive fréquente.
TROUBLES DE LA SENSIBILITE (hyper ou hyposensibilité)
Fréquents autour de toute cicatrice ou sur une zone qui a été décollée, ils régressent en général au bout de quelques mois mais peuvent dans certains cas persister.
IMPERFECTIONS DU RESULTAT (asymétries, correction partielle, récidive, irrégularités, relâchement de la peau …) : il faudra différencier :
Les imperfections prévisibles avant l’opération, dues notamment à une anomalie morphologique qui n’est par corrigible (certaines asymétries ou déformations osseuses, qualité médiocre de la peau…) pour lesquelles l’entretien préopératoire doit permettre de les assumer (ou de récuser l’opération) car on ne peut pas y remédier.
Les imperfections logiques survenant après une complication précoce (infection, nécrose …) et qui pourront justifier une correction par une nouvelle intervention une fois les conséquences immédiates de la complication stabilisées (il faudra être patient car elles s’améliorent beaucoup avec le temps).